Dis-moi si je m'approche, Vivre la quête d'amour et de spiritualité par Arouna Lipschitz
Par une étonnante synchronicité d'agenda (dont je m'émerveille toujours autant, bien de plus en plus en coutumière du fait), en ce jour d'épiphanie, voici qu'en m'accordant ce matin un temps de lecture, se dévoile un nouveau trésor.
Épiphanie, Rois Mages, manifestation de Dieu, au-delà de tout dogme
Épiphanie, Rois Mages, étoile de cristal ; au-delà de tout dogme, je n'ai pas résisté, au passage, à la curiosité de découvrir ce qui pouvait se cacher derrière la parabole.
Dis-moi si je m'approche
Mais j'en reviens à ce trésor de lecture dont j'ai envie de faire le partage, le voici :
"Fin août, je décidai de mettre fin à ma psychanalyse. La confusion s'était installée parce que j'étais triste de quitter du même coup mon analyste. J'écrivis un petit mot à B. pour lui dire qu'après quatre merveilleuses et précieuses années, je mettais un terme à ma thérapie. Une petite étoile en cristal, témoignage de ma gratitude et de mon amitié, accompagnait ma lettre.
Peu de temps après, il me répondit :
Chère amie,
Merci pour l'étoile de cristal. Dans ce long chemin de l'analyse, que vient-elle éclairer ? Les Mages ont suivi l'étoile. Où sont-ils arrivés ? Fin d'analyse ? Je t'attends.
Avec mon amitié, je t'embrasse. B.
L'appel était mystérieux et tentant. Pendant quelques jours ces mots m'obsédèrent. Comme par hasard, maître O. introduisit alors dans une de ses conférences une magistrale réflexion sur la psychanalyse. Il trouvait important et utile d'explorer le monde invisible de l'inconscient pour arriver à une soi-conscience claire et saine. Mais le moi, guéri par les psychologues, restait toujours amputé de son identité spirituelle. Une thérapie complète demandait l'exploration de la super-conscience, le réservoir de nos pulsions spirituelles et divines, l'aspect lumineux de notre monde psychique, aussi invisible et réel et que celui de notre inconscient.
Le lendemain, au lever du soleil, je repensais à B. et au parcours de mon analyse. C'est alors que les Rois Mages, en route vers le berceau d'une renaissance de l'histoire se profilèrent à l'horizon de ma méditation. Il était étrange que B. refuse de prendre acte de la fin de mon analyse en évoquant cette conception pas tout à fait comme les autres. Le chemin initiatique n'était-il pas celui d'une gestation analogue ? Peut-être étions-nous tous porteurs d'un enfant divin. Nous ne le savions simplement pas, ou nous avions oublié.
Où commence l'oubli ?
Par un froid matin de novembre 1947, les bonnes soeurs de la maternité Saint-Vincent s'affairent autour de moi. Le frémissement des longues robes et des plis de cornettes me ramènent le souvenir d'une nonne que j'ai été quelques vies plus tôt. Flash d'une façade de froideur apprise et contrôlée, comme si la dureté et l'indifférence étaient des vertus divines.
Leurs gestes, comme ceux du médecin accoucheur, sont parfaits de précision et d'insensibilité. Elles ont ramené ma mère dans sa chambre. L'atmosphère sèche et stérile est plus glacée encore. Je suis insupportablement triste. Je regrette le monde de lumière que j'ai quitté à contrecoeur. Les larmes jaillissent et je pleure au milieu de nonnes imperturbables. Elles ont l'habitude de ces nouveau-nés qui pleurent sans raison. Je pense, avec quelque dédain, qu'en dépit de leur piété, elles sont bien ignorantes de la vie de l'âme.
Une soudaine chaleur emplit la pièce. Elle calme instantanément mon chagrin. D'où vient-elle ? Oh ! Le bel ange ! Je ne peux détacher mes yeux de sa présence. Il/elle me sourit et me dit qu'il est temps d'oublier. Oh ! Non ! J'avais oublié que j'allais tout oublier : Dieux, la lumière, les anges, mes guides, le long voyage de mon âme, pourquoi je suis là. Que tout cela est triste !
En écho à mes pensées, l'ange prend la parole : "L'oubli est le passage obligé de l'aventure humaine. Il est le présent de Dieu aux humains. Il leur donne le courage de poursuivre leur périple sur terre. Tu connais bien l'angoisse que provoque une nouvelle prise de conscience. Tant que tu ne sera pas prête pour un prochain saut, tu seras bien contente de ne pas te souvenir d'anciens obstacles, de vieilles peines, de bonheurs périmés. Cette amnésie spirituelle permet à la volonté humaine de naître. En même temps, elle crée l'attente, la soif de l'infini qui pousse les humains à s'approcher de Dieu, à se trouver. Par ailleurs, se souvenir est divin, la clé de la liberté. La mémoire ouvre la voie à la conscience. Quand tu te souviens, tu deviens, comme l'escargot, unie à ta maison. Ta demeure divine s'installe en toi. Tu incarnes ton âme et donnes à l'esprit une terre. Se souvenir est le cadeau des hommes à Dieu.
Dieu et l'homme, matière et la lumière s'approchent de mémoire en mémoire retrouvée. Mais pour commencer, ou devrais-je dire, continuer ton voyage en humanité, il faut oublier..."
Il n'y a rien à dire. Je suis au courant des lois cosmiques. Ce n'est pas ma première incarnation. Loin de là. Je souris à l'idée que j'aurai à me souvenir que je suis vieille. Que faire ? C'est le jeu divin et il a ses lois. Oublier est sans doute une forme de bénédiction, mais je me demande si la capacité d'oubli offerte aux humains n'est pas une façon pour Dieu de se garantir de n'être reconnu que par des gens éveillés, en connaissance de cause en quelque sorte. Bien, oublions. Je vais relever son défi de conscience. J'aime l'imaginer heureux.
Avec une infinie attention, l'ange pose son doigt au-dessus de ma lèvre supérieure. Un rapide changement d'énergie. La tête me tourne pendant quelques secondes, le tems de tomber dans le trou de mémoire de la vie terrestre. Mon identité spirituelle est maintenant enfouie dans les profondeurs de mon inconscient et toute ma connaissance prénatale s'échappe par cette drôle de petite rigole creusée verticalement entre le nez et la lèvre supérieure. Tendre rappel du toucher de l'ange de la mémoire.
La boucle était bouclée, B. avait encore visé juste. C'est bien une étoile qui guide l'avancée humaine contre l'oubli avec des mages invisibles ou des anges messagers.
Je m'imaginais mal retourner sur le divan et parler maintenant à B. de la possible réalité d'un monde angélique. Les anges n'étaient pas encore à la mode. C'est d'eux pourtant que j'aurais besoin pour accoucher de mon moi souverain. L'analyste ne pouvait rien pour cette seconde naissance. L'ami me manqua. Je n'étais pas encore prête à l'époque pour une amitié d'âme.
Quelques jours après cette prise de conscience stellaire, je reçu d'Inde un petit paquet. Il contenait un magnifique collier fait de cristaux transparents et de pierres semi-précieuses couvrant presque toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, la citrine, l'améthyste, le grenat, la chrysoprase, la sardoine. Un petit mot de la main du swami accompagnait l'objet : "Ceci est ton mala."
Les malas sont des rosaires spirituels généralement faits de bois de santal. Le swami en donnait à qui le lui en demandait. Celui-ci était, peut-être, le seul qu'il ait créé de toutes pièces, comme me l'a dit plus tard Anya, témoin de négociations avec les marchands. Le relation évidente de ces pierres avec celles de la Jérusalem céleste décrite dans l'Apocalypse était un message. Jérusalem, la nouvelle Jérusalem, celle de paix et de fraternité, constituait l'étape suivante du voyage.
Alors le swami aussi savait ? Déjà ? Depuis quand ? Ce signe arrivait juste au moment où se révélait le sens cosmique de ma quête spirituelle, la naissance à la lumière de l'être pour vivre en-corps l'amour-bonté, devenir la nouvelle terre, ÊTRE LE NOUVEAU JARDIN.
Quelqu'un là-haut tirait vraiment les ficelles. Et si les anges existaient réellement ?"
Je profite également de la publication de ce post pour vous souhaiter une lumineuse année 2025 et vous envoie mes chaleureux voeux "d'amour-bonté" à vivre "en-corps".
Bien à vous,
Céline